Depuis quelques années, l’Ecole inclusive prend de plus en plus de place au sein des établissements. Elle vise à assurer une scolarisation de qualité pour tous les élèves, de la maternelle au lycée, y compris les enfants porteurs de handicaps ou ayant des besoins éducatifs particuliers.
C’est dans ce contexte que les AVS puis les AESH ont été recrutés pour apporter une aide spécifique à ces enfants.
Lorsque j’ai décidé d’écrire un ouvrage d’aide aux enfants Dys, destiné, entre autres, aux AESH, j’ai ressenti le besoin de me rapprocher de ces auxiliaires d’enseignement afin d’être au plus près de leurs préoccupations.
C’est ainsi que j’ai proposé un questionnaire à une cinquantaine d’AESH en poste, intervenant soit en primaire, soit en secondaire ou en ULIS.
En très grande majorité, ce sont des femmes. Comme nous allons le voir, elles exercent dans des conditions très différentes.
Pour le questionnaire destiné aux AESH exerçant dans le primaire, j’ai reçu 31 réponses.
Pour celui destiné aux AESH intervenant dans le secondaire et Ulis, 20 réponses.
Les classes dans lesquelles on leur demande d’intervenir, pour le primaire, sont surtout les CM (51 % en CM1, 48 % en CM2), puis le CP (44%), et enfin le CE2 (40%) et le CE1 (34%). Certaines AESH interviennent pour un seul enfant (19%), la plupart des autres interviennent pour 2 ou 3 enfants (respectivement 42 % et 9%). Il peut arriver qu’on leur demande de suivre 5 enfants ou plus.
Pour le secondaire, toutes les classes sont représentées jusqu’en troisième, ainsi qu’en Ulis. Quelques AESH interviennent aussi en lycée, BTS, CAP, Bac pro, Segpa, pour des troubles sévères (autisme, dysphasie, dyspraxie, TDAH, handicap moteur).
Chaque enfant se voit attribuer en général de 5 à 15 h par semaine d’aide AESH. Cela dépend évidemment de la pathologie. Les enfants dyslexiques bénéficient en général de 10 à 15 h d’aide personnalisée par semaine.
Certaines pathologies demandent une prise en charge de plus de 15 h par semaine. Ce sont les enfants atteints d’autisme, de troubles du comportement (TDA/H), de déficience intellectuelle ou d’handicap moteur. Dans ce cas, l’AESH n’intervient que pour un ou 2 élèves, toujours en prise en charge individuelle. En Ulis, l’aide est souvent mutualisée (plusieurs élèves en groupe).
Les autres pathologies pour lesquelles on demande aux AESH d’intervenir, mais avec un nombre d’heures moins important sont les suivantes : dysorthographie, dyscalculie, dysphasie, dysgraphie, dyspraxie, retard de langage … Comme on le voit, les pathologies sont multiples, et il est indispensable que l’AESH ait accès au PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation) ou au PAP (Projet d’Accueil Personnalisé) pour pouvoir s’y retrouver. Or, 40 % des AESH n’y ont pas accès. Comment, dans ce cas, peuvent-elles se renseigner sur les spécificités du trouble concerné et adapter leur travail aux enfants qu’elles suivent ?
Heureusement, elles communiquent très régulièrement avec les enseignants au sujet de l’enfant, et les échanges sont, d’après leurs dires, vraiment enrichissants. Les enseignants se rendent toujours disponibles.
Concernant les échanges avec les parents, les réponses sont plus mitigées. Environ les deux tiers des AESH ont des contacts réguliers avec les parents, soit de visu, soit par le biais d’un cahier de liaison. Un tiers des AESH dit ne pas avoir de contacts, soit parce que les parents ne se manifestent pas, soit, étonnamment, parce qu’on le leur interdit (2 réponses).
A la question « pouvez-vous consacrer un peu de temps à l’enfant avant ou après la classe ? », les réponses sont souvent positives, même si les AESH doivent quelquefois prendre sur leur temps libre. Elles profitent de ce temps en dehors de la classe pour faire plus ample connaissance avec l’enfant, surtout en début de prise en charge. L’une d’elles me dit : « Parfois, je leur demande avant les cours s'ils vont bien, s'ils se sont bien reposés, s'ils se sont bien amusés et s’ils sont sortis pendant le week-end. Après les cours je leur dis qu'ils ont bien travaillé, qu'ils doivent apprendre leurs leçons surtout là où je connais leurs points faibles ; je leur donne des astuces : cartes mentales, dessins, chansons ou jeux ludiques pour apprendre facilement leur leçon. »
Pour un enfant ayant des troubles Dys, quelles aides l’AESH propose-t-elle ?
Tout d’abord, le fait d’avoir un adulte à côté de lui permet à l’enfant de canaliser son attention, et le rassure. Selon ses troubles, l’enfant aura besoin qu’on lui lise les consignes écrites ou qu’on lui réexplique les consignes orales. Il faudra souvent adapter les exercices, soit en agrandissant les documents, et en surlignant les mots-clés, soit en simplifiant les exercices (exercices réduits ou à trous). L’AESH le fait sous la responsabilité de l’enseignant. Dans la réalisation des exercices, il faudra faire réfléchir l’élève pour l’aider à corriger ses fautes, mais respecter ses productions. Par contre, s’il souffre de dysgraphie, par exemple, l’AESH écrira sous sa dictée, et notera elle-même les devoirs dans le cahier de textes ou l’agenda. Elle l’aidera aussi à s’organiser dans son travail, à classer, à ranger ses affaires … Enfin, ces élèves ayant des difficultés à rester concentrés longtemps, on pourra leur confier une mission leur permettant de bouger un peu (aller boire, distribuer des feuilles, faire une photocopie …).
Pour les plus grands, la préparation aux examens tient une place importante.
Mais aussi et surtout, les AESH insistent sur le fait qu’elles sont là également pour rassurer l’enfant sur ses capacités, l’encourager, valoriser ses efforts, l’aider à prendre confiance en lui et à mieux supporter les mauvaises notes.
En plus d’une grande patience, l’AESH devra aussi faire preuve d’imagination et de créativité. Chaque cas auquel elle est confrontée la sollicitera pour rechercher des aides à l’apprentissage efficaces. Parmi celles qui ont été citées, nous retiendrons les pictogrammes, les cartes mentales, des tutos et autres outils trouvés sur internet, des images, des schémas simplifiés, des moyens mnémotechniques. Les exercices de respiration et de relaxation sont également plébiscités. Les encouragements, la valorisation de l’enfant sont considérés comme des aides précieuses pour l’amener à apprendre mieux.
A la question : « d’après vous, quel devrait être le rôle de l’AESH ? », les réponses vont toutes dans le même sens. L’accompagnement est à multiples facettes : aider à la sociabilité, favoriser les apprentissages, apprendre à surmonter les difficultés, écouter les besoins et les peurs de l’enfant face à l’échec ou en société...
Le mot qui revient le plus souvent est : « autonomie ». L’objectif est de rendre l’enfant plus autonome avec empathie et bienveillance. Il faut « savoir se mettre dans l’ombre quand l'enfant se débrouille seul, jusqu'au jour où on retire les béquilles, on donne une canne, ensuite un bâton, après on laisse l'enfant marcher seul », souligne l’une d’entre elles.
Certaines insistent aussi sur le fait qu’elles sont là pour soulager l’enseignant, et à ce titre, apprécieraient de faire partie intégrante de l’équipe pédagogique.
Enfin, à la question « seriez-vous intéressé par un guide d’aide aux enfants Dys et destiné aux AESH ? (Il y aura un chapitre consacré à l’autisme) », la réponse est « oui » à 95 %. Les attentes vis à vis d’un ouvrage de ce type sont nombreuses :
- des moyens pour différencier correctement les dys avec des tableaux très clairs, puis des solutions concrètes : des conseils, des outils pédagogiques et pour aider l’enfant à s’organiser, des astuces d’apprentissage simples à reproduire et à expliquer, des méthodes pour gérer correctement les crises.
- des témoignages d’AESH, de parents, d’enfants.
- des pistes pour trouver les formations accessibles, des sites proposant des ressources, des titres de livres ...
- Enfin, des références d’associations.
Grâce à tous ces éléments, j’espère produire un ouvrage pratique, bien documenté, et accessible !
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